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  • LES LIVRES PRENNENT SOIN DE NOUS, Régine Detambel - essai

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    Cet essai précise son enjeu en sous-titre : "Pour une bibliothérapie créative". Mais pas d'inquiétude : nous n'avons pas à faire à un livre de recettes avec liste d'ingrédients obligatoires. Tout juste trouve-t-on en souriant quelques prescriptions de la psychothérapeute française Lucie Guillet qui chercha après-guerre à expérimenter les effets bénéfiques de la poésie sur le psychisme des nerveux et emprunte les fragments qui soulagent "à Corneille pour son côté stimulant, tonique, ses vers rythmés et mémorisables ; à Racine dont la bonne musique équilibre les irritables ; à Boileau, remarquable régulateur pour instables et agités",...

    Quant à Régine Detambel, cherchant à faire le point sur sa pratique, elle revient surtout aux sources théoriques qui l'ont nourrie et à la dette que tout lecteur et/ou écrivain ressent le besoin d'exprimer envers une littérature capable de changer les contours d'une existence, de l'authentifier, la réparer, de lui offrir à la fois protection et ouverture, Weltinnenraum (Rilke), espace intérieur du monde... Sa dette doit être immense puisque sa conviction est communicative et puis, il n'y a pas à dire, je ne connais rien de mieux, de temps en temps, pour réactiver la machine et nager encore un peu mieux dans le bonheur de lire qu'un bon livre qui parle des livres, effet miroitant, narcissique qui met du baume à l'âme et redonne de l'allant - comme un bon livre quoi!

     

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    Pourquoi ça marche ?

    Parce que les hommes s'efforceront toujours de faire partager les expériences qui les touchent le plus profondément.

    Parce que, de la naissance à la vieillesse, nous sommes en quête d'échos de ce que nous avons vécu de façon obscure, confuse et qui quelque fois se révèle, s'explicite de façon lumineuse et se transforme grâce à une histoire, un fragment, une simple phrase. Nous avons soif de mots pour permettre l'élaboration symbolique. Nous avons tous besoin de médiation, de représentation, de figuration symbolique pour sortir du chaos, intérieur ou extérieur. Tous, nous échafaudons des romans pour raconter notre séjour sur terre. C'est le propre de la narration que d'effacer l'idée même que le monde soit fragmentaire ; elle n'a sans doute pas d'autre but et c'est l'essentiel de la jouissance qu'elle procure. Elle comble les vides et ne joue des ellipses que dans l'éclat des transitions.

    (p.91-92)

    Lire, c'est avoir le pouvoir de se concentrer, de retenir, ne pas oublier qui parle, ce qui vient de se passer. Alors je me déconcentre, brutalement, pour me prouver que je suis capable d'avoir un pied dans chaque monde. Je lève la tête, je secoue le livre, je soupire parce que la phrase était belle, je répète quelques mots pour être sûre que ma mémoire atteint ma bouche. Je regarde dehors, je reviens au livre : cela s'appelle accommoder. Passer ainsi d'un monde si proche à un monde tellement lointain, s'accommoder du réel et de la fiction, avec la même aisance, c'est vivre heureux.

    (p.112)

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     http://mediathequedeguer.opac3d.fr/s/search.php?action=Basket&method=admin_view_html&pid=3286

    Petite bibliographie sur les lecteurs, tous disponibles à la médiathèque :

    http://mediathequedeguer.opac3d.fr/s/search.php?action=Basket&method=admin_view_html&pid=3285

    Enfin, pour en savoir plus sur la bibliothérapie :

    http://ie-bib.fr/

    Nathalie