PENSEES SAUVAGES, Henry D. Thoreau - littérature adultes
Ce petit volume (160 pages) publié par les éditions Le Mot & le reste (qui semblent décidées à proposer de nouvelles traductions, très bien venues de toute l'oeuvre de Thoreau : https://lemotetlereste.com/auteur/henry_david_thoreau) est une sélection de textes issus de Walden, du Journal & des Essais & offre une belle porte d'entrée à la pensée du philosophe américain.
Selon les mots même de l'éditeur, "le parti pris de cette sélection établie par Michel Granger a été de privilégier l’originalité et la radicalité de ce philosophe transcendantaliste : une critique impitoyable de la société du milieu du XIXe siècle américain, alliée à des propositions pour un autre mode de vie plus respectueux de la nature et de la vie de l’esprit. Thoreau n’est pas un penseur tiède, conformiste ; son point de vue inédit peut servir à analyser les travers de notre époque : il exprime une pensée qui se veut « débridée » — à ne pas confondre avec la décomplexion néolibérale actuelle — et il s’efforce de provoquer la réflexion, d’ébranler les certitudes, de rompre avec la tradition, d’éveiller les consciences."
Petite mise en bouche :
Quel genre de cadeau est donc la vie, si nous en perdons le goût & l'authentique saveur ? si, par rapport à notre humeur, nous sommes sans cesse à l'étroit & endettés ? Dans notre état ordinaire, nous n'avons, pour ainsi dire, pas assez d'air pour respirer, & ce déficit déteint sur notre piété ; mais nous devrions en avoir plus qu'assez & respirer à loisir. La pauvreté est la règle. Nous devrions surtout déborder de vigueur comme un cheval solide, & puis avoir l'esprit libre & aventureux de son cavalier ; c.-à-d. que nous devrions avoir une réserve suffisante de souplesse & de force qui nous permettrait à tout moment d'atteindre notre vitesse maximale & de dépasser nos limites ordinaires, tout comme l'invalide loue un cheval.
(10 août 1857)
Il est stupide que l'homme accumule surtout des biens matériels, des maisons & des terres. Nos réserves dans la vie, nos vraies possessions, ce sont toutes ces pensées que nous avons eues, que nous avons engendrées. Le terrain que nous avons ainsi créé est à jamais le pâturage de nos pensées. Je retrouve des visions que j'ai déjà eues. Quoi d'autre accroît mes biens pour m'enrichir sous toutes les latitudes ? Si l'on a jamais accompli quelque travail avec ces merveilleux outils que sont l'imagination, la fantaisie & la raison, c'est une création nouvelle, indépendante du monde, & un bien éternel. On a bâti quelque chose pour se prémunir contre les jours de pluie. On a ainsi défriché le monde sauvage.
(1er mai 1857)
A retrouver sur le catalogue en ligne & entre les murs de la médiathèque...
Nathalie