Le costume qui rendait heureux
On connaissait (ou pas!) Sylvia Plath pour son unique roman autobiographique La Cloche de détresse et pour ses poèmes étranges et douloureux. Les éditions Gallimard jeunesse nous la montrent sous un nouveau jour avec la réédition de ce petit conte pour enfants, délicieusement illustré par Rotraut Suzanne Berner.
Et la poétesse suicidée de nous ravir avec cette histoire de "costume-ça-ne-fait-rien" (traduction du titre original The It-Doesn't-Matter-Suit) qui met en scène le petit dernier d'une fratrie de sept enfants plein d'un rêve patient, à la belle confiance bientôt récompensée : alors qu'il rêve d'un costume pour Tous-les-jours-de-l'année, parfait par tous les temps et en toutes circonstances, un colis mystérieux arrive, révélant bientôt un magnifique costume jaune moutarde, de la taille du papa de Max... Lequel ne se sent pas au final de se faire remarquer avec un costume jaune moutarde! Le costume passe ainsi d'épaules en épaules, le jaune moutarde ne passant décidément pas, raccourci au fur et à mesure des essayages de la fratrie jusqu'à ce que le dernier des frères de Max y renonce. Max endosse alors le costume rêvé en cachant sa joie et s'en va, par les rues de la ville, tester le bientôt rebaptisé "costume-ça-ne-fait-rien", tant il résiste à tous les temps et toutes les activités, faisant l'admiration de tous.
Le père et les frères de Max ont eu peur de ce costume trop parfait et trop voyant, Max n'hésitera pas à le rudoyer pour mieux profiter de chaque instant, sûr de lui et heureux, comme du temps de son rêve...
Oui, nous sommes bien loin de la vision intense mais sombre, brisée de l'univers poétique de Sylvia Plath qui pensa peut-être à ses enfants en écrivant ce conte intemporel, simple, malicieux, en un mot, lumineux.
Nathalie